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ANNEXE 4 : LE CHOCOLAT et LA REGLEMENTATION

 

Le chocolat, un produit très réglementé

Le chocolat est fabriqué à partir d'un mélange de pâte de cacao, de sucre et de beurre de cacao, auxquels on peut ajouter divers ingrédients (lait, noisettes, amandes...) qui modifieront son goût, sa texture.

La fabrication et la composition du chocolat sont régies par une réglementation européenne très précise : la directive Cacao-Chocolat, transcrite en France par décret.

Celle-ci définit précisément :
les matières premières utilisées,
les teneurs minimales en cacao,
les 13 catégories de chocolat : chocolat noir, chocolat au lait, chocolat blanc, chocolat aux noisettes gianduja, chocolat de couverture, bonbons de chocolat, chocolat fourré...
les règles particulières d'étiquetage


Actualité Réglementation

Proposition de directive cacao chocolat : la qualité du chocolat est préservée

Le Conseil des Ministres de l'Union Européenne a adopté dernièrement une "position commune" sur la proposition de directive cacao chocolat.

Ce texte prévoit :

- Le maintien de la qualité : les définitions des produits de chocolaterie et les teneurs minimales en cacao et beurre de cacao sont maintenues. Les consommateurs français sont ainsi assurés de continuer à trouver des chocolats de qualité auxquels ils sont attachés.

- Une meilleure information du consommateur : la liste des ingrédients est désormais obligatoire dans l'étiquetage.

- La possibilité d'ajouter des matières grasses végétales (MGV) sous conditions strictes : ajout limité à 5%, liste limitative de matières grasses végétales "naturelles" d'origine tropicale autorisées, mise en relief dans l'étiquetage des MGV éventuellement utilisées (mention en plus et en dehors de la liste des ingrédients et à proximité de la dénomination de vente).

Les chocolatiers français sont satisfaits de cette initiative qui préserve la qualité des produits de chocolaterie et apporte une meilleure information au consommateur.

Cette "position commune" du Conseil doit maintenant être examinée par le Parlement Européen avant d'être définitivement adoptée sous forme d'une Directive qui harmonisera la réglementation du chocolat dans l'ensemble de l'Union européenne.

La Chambre Syndicale Nationale des Chocolatiers regroupe plus de 50 entreprises représentant près de 90% de la production de chocolat.

Matières Grasses Végétales

Nouvelle législation proposant d'introduire des matières grasses végétales dans la fabrication du chocolat : le scandale de l'année dans le monde du chocolat !

Article de Franck Lacroix du Journal des pâtissiers
4 mai 2000

La nouvelle législation sur les matières grasses végétales

Après 16 ans de lutte, le chocolat a perdu une bataille.
Les industriels européens vont pouvoir ajouter des matières grasses végétales autres que le beurre de cacao dans leurs préparations, à hauteur de 5 % du poids total du produit.
Cette harmonisation par le bas laisse augurer du pire. En s’alignant sur ce qui se fait de moins bon, la qualité est pervertie et le goût touché. Merci l’Europe.
 

Voilà, c’est fait. Ce que l’on redoutait est arrivé. Au nom de la libre circulation des marchandises, le Parlement européen a adopté la directive européenne autorisant l’utilisation, -dans une limite de 5 % du produit final-, de matières grasses végétales (MGV) autres que le beurre de cacao (illipé, huile de palme, sal, karité, kokum gurgi et noyaux de mangue).

Le Parlement s’est ainsi rallié à la position commune du Conseil des ministres des Quinze. Le Belge Paul Lannoye (Verts) avait déposé plusieurs amendements pour encadrer cette autorisation. Ils ont tous été repoussés, excepté celui qui préconise des mesures de promotion équitables (« fair trade ») avec les pays en voie de développement producteurs de cacao et de matières grasses végétales.

Jusqu'à présent, seuls sept Etats membres autorisaient cela : Royaume-Uni, Irlande, Danemark, Portugal, Autriche, Suède et Finlande. On comptait parmi les puristes refusant une telle pratique : la France, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Allemagne. Cette mesure fait le jeu des industriels anglo-saxons à la recherche d’une baisse de leur coût de production sur un marché global européen estimé à 42 milliards de dollars (près de 239 milliards de francs). Quand on sait que les multinationales comme Nestlé, Cadbury, Mars, Ferrero et Jacobs-Suchard se partagent 80% du marché mondial et 70% du marché européen à elles seules, on a froid dans le dos.

Nestlé, Cadbury, Mars, Ferrero et Jacobs-Suchard se partagent 80% du marché mondial

On imagine volontiers dans quel désarroi sont plongés les pays africains producteurs de cacao, craignant que l’Europe réduise ses importations. La Côte d’Ivoire, premier exportateur mondial, a estimé que la consommation européenne de cacao (son premier marché) pourrait diminuer de 15%, soit l’équivalent de 400 millions de dollars (2,27 milliards de francs). Le beurre de karité est dix fois moins cher que le beurre de cacao, et trois fois plus cher que l’huile de palme ! Comme le soulignait Guy Urbain, « il y a une politique du profit, et il y a une politique de la conscience ». Visiblement, l’Europe a choisi son camp....au nom de la libre circulation des marchandises.

Seuls les industriels français, regroupés au sein de Alliance 7, sont satisfaits. Estimant être enfin concurrentiels face aux industriels européens qui pratiquent déjà l’ajout de MGV, ils déclarent sans ambages : « la qualité du chocolat français est préservée. Cette nouvelle directive garantit une meilleure information du consommateur car elle rend obligatoire la liste des ingrédients dans l’étiquetage. » Obligatoire oui, mais pas sur la face apparente de l’emballage. Quant aux « vrais » produits de chocolat, dans lesquels seul du beurre de cacao aura été ajouté, ils pourront faire mention de cet élément, mais de manière « correcte, neutre et objective et sans induire le consommateur en erreur ». Les lobbies ont bien verrouillé l’affaire. Il ne reste plus au monde artisanal qu’à se battre avec ses propres moyens.

36 mois pour afficher notre différence !

Trois ans nous séparent encore de l’application de cette mesure. Les fournisseurs français sont déjà tous d’accord. Oui, c’est lamentable. Non, nous ne fabriquerons pas de couverture ou de bonbons de chocolat avec des matières grasses végétales autres que le beurre de cacao. C’est l’unanimité.

Benoît Villers, directeur général de BCF confirme que Cacao Barry ne changera aucune de ses recettes traditionnelles afin de conserver la qualité de son chocolat pur beurre de cacao. « Jamais nous ne vendrons de chocolats finis avec MGV. C’est une horreur », souligne aussi la maison centenaire Voisin. Même son de cloche pour les chocolats Yves Thuriès. Michel Cluizel se déclare attristé par cette évolution européenne, et prêt à se battre pour valoriser le chocolat pur beurre de cacao contre cette mesure qui risque de dégrader l’image du chocolat chez le consommateur mais également entraîner une baisse des prix sur le marché.

Tout le monde partage cette opinion. Valrhona, Klauss, Caffarel, Legave, Chocolaterie de la Forêt des Loges, Chocolaterie de l’Opéra, etc. Ils sont tous déçus, et à l’image de Weiss, chacun pense que c’est néanmoins un défi pour les chocolatiers du chocolat authentique de se démarquer.

« Laissons les industriels produire du pseudo chocolat et démarquons-nous », lancent en substance nos fournisseurs. Jusqu'à Marylise Lebranchu, secrétaire d’Etat aux PME, Commerce, Artisanat et Consommation qui déclarait sur notre stand au 3ème Salon National : « Je suis vraiment très triste pour le vrai chocolat, mais je pense que les très bons chocolatiers vont trouver le moyen d’informer le consommateur. Ce n’est pas une allégation de dire qu’on fait du très bon chocolat. On a perdu une petite bataille mais on va faire la charte du bon chocolatier. »

Nombre d’artisans chocolatiers ont déjà commencé à afficher leur différence. Les uns ont déjà placé une banderole dans leurs vitrines, les autres multiplient les animations pour éduquer le consommateur afin qu’il découvre l’univers des cacaos.

Une chose est sûre. Le parlement français dispose de 36 mois pour publier les décrets d’application. Il nous reste donc trois ans pour mieux expliquer, raconter et promouvoir le chocolat authentique auprès des grands comme des petits.

Par ailleurs, avec la nomination de Laurent Fabius au ministère des Finances, l’action de l’Union interprofessionnelle de la Pâtisserie et de Chocolaterie Confiserie rebondit de plus belle. En effet, Laurent Fabius avait déclaré que la TVA qui frappe la confiserie et la chocolaterie au taux fort depuis vingt-sept ans déjà, était « une anomalie à rectifier ». Donc acte.

Franck Lacroix

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